Composante fondamentale de l’escalade, essence même de notre pratique, le mouvement désigne un vaste spectre d’habiletés techniques et motrices qui vont composer notre danse verticale.
Aucun point n’est aussi capital que l’acquisition de ces habiletés techniques
Pourtant, l’entrainement physique reste le sujet central, vecteur de toute l’attention. « Être plus fort » est le thème populaire par excellence, et non sans surprise, peu de grimpeurs ont une pratique axée vers l’acquisition des capacités motrices et cognitives qui vont déterminer nos compétences techniques.
Trop souvent, on en oublie ce qui fait la beauté de l’escalade : le mouvement…
Lorsque les qualités de coordination sont acquises précocement, l’entrainement de la technique et de la condition physique en sera facilité.
Même si le débutant doit prioriser cette facette de l’entrainement, l’expert ne doit pas l’omettre pour autant.
Il est foncièrement nécessaire de consacrer une partie de son temps de pratique à ces acquisitions gestuelles, à cette danse verticale, et ce quel que soit son niveau, sans quoi votre potentiel de performance est et restera limité, n’en déplaise à vos capacités physiques.
Vos bras maintiennent un équilibre alors que vos jambes commandent un mouvement, je ne vous apprendrai donc rien en vous rappelant que de nombreuses séquences de mouvements qui semblent difficiles peuvent être résolues par la technique, plutôt que de vouloir à tout prix passer en force…
Tout au long de votre vie de grimpeur, vous allez incessamment faire des allers-retours entre entrainement physique et développement de qualités techniques.
De fait, selon votre niveau et expérience, n’ayez pas peur de consacrer 30 à 75 % de votre temps d’entrainement au travail technique.
Pose de pieds, souplesse de hanche et rythme
Qui n’est pas encore convaincu peut se prêter au jeu de cette petite analyse ; voici deux videos, l’une de Chris Sharma, l’autre de Margo Hayes, et ce dans la même voie (Biographie 9a+)…
Margo Hayes : ici et là :
versus Chris Sharma :
Posons-nous maintenant la question d’être à même d’assimiler durablement ces habiletés. En vue d’acquérir ce bagage technique nécessaire, plusieurs stratégies peuvent être adoptées. Le but est de développer un répertoire gestuel conséquent, varié (type de mouvement) ainsi qu’une qualité gestuelle réelle. Dans ce domaine, il n’y a pas de meilleure école que la pratique…
Pratiquez !
Premièrement, engagez-vous dans un exercice régulier de ces habiletés. En d’autres mots, grimpez avec l’intention d’apprendre et de développer la qualité de vos mouvements, en tenant à distance toute notion de difficulté.
Deuxièmement, pratiquez ces nouvelles techniques en début d’entrainement, lorsque vous êtes encore physiquement et mentalement en état de fraîcheur. En effet, les acquisitions motrices et de coordination se font plus facilement en début de session. En revanche, vous pouvez réviser vos acquis dans différents états de fatigue, afin d’en augmenter la maîtrise et de construire une rétention à long terme.
Si vous les approchez intelligemment, séances à l’extérieur comme à l’intérieur peuvent constituer d’excellents moments d’acquisition de ces habiletés.
En conséquence, l’échauffement est un moment tout à fait propice pour fortifier confiance et technique. À l’extérieur par exemple, dans des voies inférieures à son niveau en grimpant à vue dans un style qui ne vous sied pas. En salle, en effectuant de longues traversées où l’accent sera mis sur la qualité et le relâchement du mouvement, sa plus grande économie. Vous allez chercher à serrer les prises le moins possible, en augmentant la force nécessaire uniquement pour déplacer l’autre main, tout en vous concentrant sur votre respiration. Encore une fois, comprenez bien qu’il n’est pas décadent de passer 30 à 75% de son temps d’escalade à élargir ses possibilités gestuelles…